Qui est vraiment la fée Morgane, magicienne puissante du roman arthurien ?
Tour à tour bonne fée protectrice de son demi-frère Arthur et fée jalouse et malfaisante, Morgane est avant tout une femme trahie et malheureuse en amour. Le magazine « Bretons » dresse le portrait de ce personnage ambigu.

Le personnage de la fée Morgane apparaît dans le roman arthurien dès les écrits de Geoffroy de Monmouth, en 1150. Elle est alors présentée comme la maîtresse de l'île d'Avalon, un lieu magique où la vie est éternelle, et une guérisseuse aux pouvoirs étendus. Chrétien de Troyes quant à lui en fait la demi-sœur d'Arthur. Les auteurs suivants la décriront en magicienne puissante, élève de Merlin, régnant sur le Val sans retour, un espace enchanté où le temps s'écoule différemment pour ceux qui y sont retenus.
Une femme trompée
Morgane est une femme amoureuse, mais malheureuse. Le beau chevalier Guyomard, dont elle est éprise, la trompe. Pour se venger, elle pétrifie le coupable et son amante, dont les formes restent reconnaissables aujourd'hui dans le rocher des Faux Amants, dans la forêt de Brocéliande. Plus tard, c'est Lancelot qui repousse ses avances. C'est d'ailleurs la force de sa fidélité à la reine Guenièvre qui rompt le charme du Val sans retour et en libère les chevaliers.
Peu à peu, au fil des récits, Morgane prend un visage plus sombre. Elle devient une mauvaise magicienne, détestant Guenièvre et trahissant même le roi Arthur. Les auteurs en font une fée cruelle et laide. Pourtant, c'est bien elle qui emporte le roi mourant, blessé lors d'une ultime bataille, sur une barque vers Avalon. Elle promet de le soigner dans cette île de l'éternelle jeunesse. C'est là que reposerait toujours le roi qui, selon certaines prophéties, devrait un jour se réveiller pour régner de nouveau sur les Bretons.
Cet article est issu du hors-série n° 57 du magazine Bretons dédié aux contes et légendes, disponible en kiosque et en version numérique.