Catastrophe de Fukushima : 12 ans après, quelle est la radioactivité encore présente dans l’environnement ?

23/10/2023

Plus d'une décennie après la catastrophe nucléaire de Fukushima au Japon, les chercheurs français du BRGM et leurs collègues ont évalué la quantité d'éléments radioactifs se trouvant encore dans l'environnement. Leurs conclusions ont été publiées dans la revue scientifique PNAS le 16 octobre.

Forêt montagneuse dans la préfecture de Fukushima, au Japon. La pente peut favoriser l'érosion et donc le transport du césium 137, un élément radioactif. © I am happy taking photographs via Getty_Images
Forêt montagneuse dans la préfecture de Fukushima, au Japon. La pente peut favoriser l'érosion et donc le transport du césium 137, un élément radioactif. © I am happy taking photographs via Getty_Images

Fukushima, encore et toujours dans l'actualité ! Ces dernières semaines ont été marquées par le début des opérations pour rejeter les eaux usées de la centrale nucléaire dans la mer – ce qui a suscité l'ire de plusieurs pays asiatiques comme la Chine.

 L'écho de la catastrophe ne concerne pas seulement le milieu marin, mais aussi l'écosystème terrestre. En mars 2011, la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi endommagée par un tsunami avait en effet relâché des éléments radioactifs (ou "radionucléides") dans l'atmosphère, lesquels s'étaient ensuite déposés à la fois dans l'océan et sur le sol japonais (pour 80 % et 20 %, respectivement).

Décontamination des sols

Contrairement à la catastrophe de Tchernobyl à l'issue de laquelle les zones les plus contaminées avaient été interdites d'accès (et le restent encore de nos jours), les autorités japonaises, elles, avaient parié sur le retour des habitants en procédant, dès l'année suivante, à une vaste opération de décontamination des zones urbaines et agricoles.

Sachant que l'un des principaux radionucléides relâchés par l'accident, le césium 137, possède une demi-vie de 30 ans (autrement dit, la moitié de la radioactivité disparaît au bout de trois décennies), quel bilan peut-on tirer aujourd'hui ? C'est la question à laquelle ont répondu des chercheurs du Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM), ceux de l'université Paris-Saclay, et leurs collègues japonais, dans une nouvelle étude publiée par la revue PNAS (16 octobre 2023).

"De nombreux relevés sur le terrain ont été nécessaires", explique le BRGM dans un fil de discussion sur le réseau social X ainsi que dans un communiqué. "Nous avons ainsi pu modéliser les transferts de sédiments et des éléments radioactifs associés. Et les résultats sont là."

Les forêts montagneuses, toujours radioactives

Grâce à la décontamination d'environ 16 % du bassin hydrographique (étendue de territoire drainée par les cours d'eau), les flux radioactifs dans les sédiments des rivières ont baissé de 17 % par rapport à une estimation sans décontamination, écrivent les auteurs.

Toutefois, "la zone est majoritairement boisée avec des pentes abruptes, ce qui empêche de mener la décontamination sur un plus large secteur", nuance le BRGM. Et cela n'est pas sans conséquence : "en date du rapport, on estime que 67 % de la contamination initiale par ce radionucléide [césium 137] reste stockée dans les zones forestières", estime l'institut. Soit les deux tiers de la radioactivité de départ !

En outre, si la faune sauvage est vraisemblablement la première exposée, le danger pour l'humain n'est pas non plus exclu. "Le risque, c'est qu'au fil du temps, l'érosion ramène du césium 137 en aval", alerte le service géologique français, après avoir évoqué le "contexte montagneux exposé aux typhons".

12 milliards d'euros

À la lumière de ces travaux, les autorités japonaises auraient-elles dû agir autrement ? "Cette étude soulève des questions sur le rapport coût/bénéfice d'une entreprise de décontamination partielle [1,5 millier de milliards de yens, soit environ 12 milliards d'euros, pour la "zone spéciale de décontamination" de 1 117 km2, précisent les auteurs], étant donné que, en 2019, seuls 30 % des habitants étaient retournés vivre dans la région", note en tout cas le BRGM dans son communiqué.

Des leçons, peut-être, à tirer de ce drame humain et environnemental, dans un contexte de guerres et de tensions internationales.

Source : Geo.fr

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